De la maternelle aux études supérieures

Le système éducatif chinois, bien plus qu'une simple succession de classes, est le reflet d'une philosophie et de priorités culturelles distinctes de celles de l'Occident. Il ne s'agit pas seulement d'apprendre, mais de forger des citoyens dans un moule où la discipline, la compétition et le collectif priment.

L'objectif final : le collectif avant l'individu

La différence la plus fondamentale réside dans la finalité de l'éducation. Là où les systèmes occidentaux, notamment français, mettent de plus en plus l'accent sur l'épanouissement personnel, la pensée critique et le développement de l'individu, le modèle chinois est construit pour servir un objectif national. L'éducation est la pierre angulaire de la stabilité sociale et de la compétitivité économique du pays. La réussite d'un élève est moins vue comme un accomplissement purement personnel que comme une contribution à la force de la nation.

Le culte de l'examen : plus qu'un diplôme, un destin

Si en Occident, les examens comme le Baccalauréat ou le Brevet sont des étapes importantes, ils sont rarement le seul facteur décisif pour l'avenir. Le contrôle continu, les dossiers scolaires et les activités extrascolaires pèsent dans la balance.

En Chine, le Gaokao (examen d'entrée à l'université) est d'une toute autre nature. C'est un véritable tournant existentiel. Pendant deux à trois jours, des millions d'élèves jouent leur avenir sur une série d'épreuves. Le score obtenu détermine de manière quasi-exclusive non seulement s'ils iront à l'université, mais surtout laquelle, conditionnant ainsi leur carrière et leur statut social. Cette pression immense n'a pas d'équivalent direct en Occident.

Des matières et des rituels insolites

Au-delà des mathématiques, des sciences et du mandarin, enseignés avec une rigueur et une profondeur remarquables, le cursus chinois intègre des disciplines et des pratiques qui peuvent surprendre un public occidental :

  • L'Éducation Morale et Civique (思想品德) : Bien plus qu'un simple cours d'éducation civique, il s'agit d'une formation idéologique et patriotique visant à inculquer les valeurs socialistes, le respect du Parti et l'histoire nationale officielle.

  • Les Exercices Oculaires Obligatoires (眼保健操) : Deux fois par jour, dans la plupart des écoles primaires et secondaires, la classe s'arrête. Les lumières sont tamisées et, au son d'une musique diffusée par haut-parleur, tous les élèves pratiquent une série d'automassages des points d'acupuncture autour des yeux. L'objectif officiel est de lutter contre la myopie, mais ce rituel est aussi un puissant outil de discipline collective.

  • La Calligraphie : Souvent enseignée dès le plus jeune âge, la calligraphie n'est pas qu'une pratique artistique. C'est un exercice de patience, de précision et de discipline qui connecte les élèves à leur héritage culturel millénaire.

  • L'Entraînement Militaire : Au début du lycée et de l'université, la plupart des élèves doivent suivre une à deux semaines d'entraînement militaire obligatoire. En uniforme, ils apprennent à marcher au pas, à suivre des ordres et à endurer un effort physique intense. L'objectif est de renforcer la discipline, l'esprit de corps et le patriotisme.

En somme, le système éducatif chinois est une pyramide de mérite où la compétition est intense et les enjeux, extrêmement élevés. Il est conçu pour produire en masse des diplômés disciplinés et hautement qualifiés, prêts à alimenter le moteur économique du pays. C'est un modèle qui privilégie la mémorisation, l'endurance et la conformité, là où l'Occident tend à valoriser davantage la créativité, le débat et l'initiative individuelle.

Les Universités d'excellence

Tout comme les États-Unis ont leur célèbre "Ivy League" (regroupant des universités comme Harvard et Yale) pour désigner le summum de l'excellence académique, la Chine a structuré ses propres groupes d'universités d'élite. Ces ligues sont le but ultime pour des millions d'étudiants et représentent le plus haut niveau de l'enseignement et de la recherche dans le pays.

La Ligue C9 : le top 9 de la pyramide universitaire

La plus prestigieuse de ces alliances est la Ligue C9.

Elle regroupe les neuf meilleures universités généralistes de Chine. Obtenir une place dans l'une de ces institutions après le Gaokao est considéré comme une réussite exceptionnelle. Elles sont le fer de lance de la recherche chinoise et rivalisent avec les meilleures universités sur la scène mondiale.

La Ligue E9 : Le moteur de l'innovation technologique

Parallèlement à l'excellence généraliste de la C9, la Chine a créé la Ligue E9 (Excellence 9) pour le domaine de l'ingénierie. Ce groupe rassemble les neuf meilleures universités technologiques du pays, qui sont au cœur de l'innovation et des projets stratégiques nationaux.

C'est au sein de ces établissements que se joue une grande partie de l'avenir industriel et scientifique de la Chine. On y retrouve par exemple l'Université Polytechnique du Nord-Ouest (Northwestern Polytechnical University) à Xi’an, qui est le principal pôle de recherche aérospatiale du pays.

Fait notable, une université se distingue par sa double appartenance : l'Institut de technologie de Harbin. Sa présence à la fois dans la Ligue C9 et la Ligue E9 témoigne de son prestige et de son excellence exceptionnels, tant sur le plan académique général que dans les domaines de pointe de l'ingénierie, ce qui en fait l'un des établissements les plus convoités de Chine.

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