A la plage

Teddy s’était défait de son pantalon et de son tee-shirt. Il avait mis un board-short dans les jaunes et verts, un peu fluo. Cela lui allait bien. Comme il s’était beaucoup affiné avec les exercices incessants à l’école, il affichait  aussi à présent une musculature enviable. Il n’était plus le mou d’il y a trois mois.

Il se sentait bien, allongé sur le sable à observer Marion patauger de long en large dans 10 centimètres d’eau. Puis elle revint vers lui :

- Je vais te montrer quelques figures de gym que j’aime bien faire sur le sable !

Elle commença par un poirier. Sa position était impeccable : parfaitement verticale, jambes serrées, pieds allongés. Elle poussa le vice jusqu’à faire des pompes, ainsi positionnée. Et elle termina en restant quelques secondes sur une seule main.

Puis elle se releva et partit dans une série de flipflaps : des saltos arrière, d’abord avec les mains en appui intermédiaire, puis sans les mains et ensuite salto avant également sans les mains. Elle termina par la roue.

Teddy était impressionné.

Il n’était pas le seul. Cette petite démonstration avait rameuté quelques garçons de leur âge, tous un peu surpris de voir cette rousse à la peau blanche, en plein soleil, proposer ce genre de spectacle, surtout en string.

Ils se rapprochèrent et vinrent lui parler. Ils semblaient affidés au plus grand, musclé, bronzé, belle coupe de cheveux. Le beau gosse et qui le sait. Teddy sentit monter en lui un peu de jalousie.

Et Marion et ce type se parlaient ! Vraiment pas cool…Et ils riaient.

Il ne savait pas trop quoi faire : se lever ? Intervenir ? Aller rigoler avec eux ?

Et voilà que cette espèce de play-boy à la noix lui passait le dos de la main sur la joue. Il devait sans doute lui parler de sa peau blanche au soleil…

Le gars était vraiment très près de Marion, quasi épaule contre épaule. Et ses deux copains riaient de bon cœur à ses blagues. Ses faire-valoir c’est sûr…

Et là, tout bascula ! Le type mit la main sur la fesse de Marion. Elle détesta. Vivement, elle se retourna, lui prit le poignet coupable à deux mains, virevolta sur elle-même et mit le bellâtre à genoux dans le sable avec une clé de bras dans le dos. Il grimaçait de douleur. Elle le relâcha en le repoussant violemment. Le type se rattrapa à deux mains dans le sable et se releva en vociférant.

C’est ce moment que Teddy choisit pour se lever, rejoindre rapidement les quatre protagonistes et leur lancer :

- Arrêtez de toucher à ma copine !

Les trois ne l’avaient pas vu venir. Un autre roux ? Il y a un nid ?

Le “play-boy” mit les deux mains en avant en signe de paix :

- Oh, oh, on ne fait rien de mal ! On parle…

- Ouais, et on touche aussi, il me semble !

Marion ne disait rien ; elle fit un pas en arrière. Ça lui plaisait. Ce Teddy, il sortait enfin de sa coquille…

Soudain, une voix d’adulte dans leur dos :

- Des problèmes ?

C’était Ariel qui avait suivi toute la scène depuis son spot au soleil. Il s’était levé et rapproché d’un pas tranquille quand les trois Chinois avaient commencé à parler à Marion.

Il faisait impression avec son air un peu ‘sheriff’ : le chapeau de cow-boy et les ray-ban miroir bleu foncé.

- Ah Ariel ! Non, merci, ça va, on gère !

Les trois Chinois s’éloignèrent, mécontents.

- Je me demande comment tu fais pour toujours trouver une occasion de te battre ! Ceci dit, bravo, belle clé de bras, bien exécutée !

Marion souriait.

- Et belle démonstration de gym aussi ! Bon , je vous laisse… et il repartit vers sa natte.